Prédication donnée par Pierre Jeuch à Massy le 27 juillet 2014
Je vous invite ce matin à méditer ensemble deux courtes paraboles dans Matthieu 13.
Ces paraboles font partie de cette série de paraboles dites paraboles du royaume et qui commencent par la parabole du Semeur.
Lisons les versets 44 à 46 de Matthieu 13:
44 Voici à quoi le règne des cieux est semblable : un trésor caché dans un champ; l’homme qui l’a trouvé le cache et, dans sa joie, il va vendre tout ce qu’il a pour acheter ce champ-là.
45 Voici encore à quoi le règne des cieux est semblable : un marchand qui cherchait de belles perles. Ayant trouvé une perle de grand prix, il est allé vendre tout ce qu’il avait pour l’acheter.
Avant d’aborder la signification et l’enseignement de ces deux paraboles sœurs, il est utile de rappeler pourquoi Jésus parlait en paraboles. En effet dans ce chapitre 13 de Matthieu nous trouvons non seulement des enseignements fondamentaux sur le royaume des cieux, mais aussi une explication sur les raisons de ce mode d’enseignement.
Lisons Matthieu 13:10-13:
10 Alors ses disciples s’approchèrent et lui demandèrent:
Pourquoi te sers-tu de paraboles pour leur parler?
11 Il leur répondit: Vous avez reçu le privilège de connaître les secrets du royaume des cieux, eux ne l’ont pas reçu.
12 Car à celui qui a, on donnera encore, jusqu’à ce qu’il soit dans l’abondance; mais à celui qui n’a pas, on ôtera même ce qu’il a.
13 Voici pourquoi je me sers de paraboles, pour leur parler: c’est que, bien qu’ils regardent, ils ne voient pas, et bien qu’ils écoutent, ils n’entendent pas et ne comprennent pas.
Le message du Christ est la révélation d’un mystère. Ce sont des choses que l’homme n’aurait pu imaginer ou concevoir de lui-même. C’était un message révolutionnaire il y a 2000 ans et il est toujours aussi révolutionnaire. Le Christ ne nous impose pas son message, il offre une révélation de Dieu et des principes de son royaume à tous ceux qui sont en recherche. Avec les paraboles, il laisse à chacun un espace de liberté, la liberté de recevoir le royaume ou de rester en dehors. Pour recevoir cette révélation, il faut une attitude réceptive, un esprit ouvert et honnête, prêt à se remettre en question, à se convertir. Il parle à notre cœur autant qu’à notre intelligence. Nul ne peut comprendre et recevoir son message sans l’action du Saint-Esprit.
Après cette petite digression sur les raisons de l’enseignement par paraboles, je vous invite maintenant à interroger ensemble le texte de ces deux paraboles sœurs.
La parabole du trésor dans le champ et la parabole de la perle de grand prix.
Rappel:44 Voici à quoi le règne des cieux est semblable : un trésor caché dans un champ; l’homme qui l’a trouvé le cache et, dans sa joie, il va vendre tout ce qu’il a pour acheter ce champ-là.
45 Voici encore à quoi le règne des cieux est semblable : un marchand qui cherchait de belles perles. Ayant trouvé une perle de grand prix, il est allé vendre tout ce qu’il avait pour l’acheter.
Ce qui frappe en premier lieu c’est bien sûr leur similitude, mais j’ai personnellement découvert beaucoup de choses en étudiant leurs différences.
Avant de chercher une interprétation ou une application, je vous propose de mettre en lumière les similitudes et les différences.
Similitudes :
– 2 images du royaume des cieux
– 2 découvertes de quelque chose de précieux
– 2 réactions similaires : vend tout pour acquérir le bien précieux.
Différences (v44 / v45) :
– le royaume est comparé à un trésor / à un marchand
– découverte fortuite / recherche assidue
– bénéfice important / achat au prix réel
– débordant de joie / pas de mention des sentiments
– vend tout ce qu’il possède et achète: présent / passé.
– enfin une note de la NBS souligne que le grec utilise deux mots différents pour vendre. Chouraki, qui donne une traduction très littérale, traduit dans la seconde parabole par « liquida tout ». Le marchand liquida tout pour acquérir la perle rare.
Les différences semblent l’emporter sur les similitudes. Ce sont elles qui nous donneront la clé du message.
Après ces quelques observations, il faut maintenant proposer une interprétation.
La première interprétation qui vient à l’esprit c’est celle d’une répétition pour insister sur les messages. La note de la Bible d’étude du Semeur résume bien cette interprétation :
“L’homme découvre le royaume ; il en apprécie l’immense valeur ; sa réaction est à la mesure de sa découverte. La parabole qui suit exprime la même idée.”
Les notes de la TOB font le même choix. Elles soulignent que “ces paraboles sont une exhortation à tout vendre pour avoir cette joie.”
Il faut souligner que ces commentaires expliquent surtout la première parabole, celle du trésor dans le champ sans s’arrêter sur les spécificités de celle du marchand et de la perle. Les différences peuvent bien sûr exprimer alors la diversité des chemins qui mènent à Dieu, mais cela ne colle pas très bien : personne ne peut acheter le royaume à son vrai prix.
Si c’était le cas nous serions dans une doctrine de salut par les oeuvres. Cela voudrait dire que nous pourrions par nos efforts, notre recherche et par nos propres moyens accéder au royaume des cieux. C’est totalement contraire à tout le message de l’évangile. C’est néanmoins la conclusion à laquelle nous arriverions si nous nous arrêtions à cette interprétation, pourtant reprise par presque tous nos commentateurs.
L’observation des différences entre les deux paraboles que nous avons faites nous invite à considérer une autre interprétation pour la seconde. Le marchand représente Dieu qui paie le prix fort pour racheter l’homme, cette perle de grande valeur à ses yeux. Dans cette perspective, les deux paraboles ne sont pas une répétition du même message, mais elles présentent notre découverte du royaume sous deux points de vue complémentaires : c’est comme le côté pile et le côté face d’une même pièce.
– Le point de vue de l’homme qui trouve un trésor : inespéré, extraordinaire
– Le point de vue de Dieu, du Christ qui renonce à tout pour racheter l’homme.
Beaucoup hésitent à retenir cette interprétation car ils ont du mal à accepter la comparaison de l’homme avec une perle de grand prix.
Quel est à votre avis le prix d’une chose unique ? Ce n’est ni plus ni moins que le prix que quelqu’un est prêt à payer pour l’acquérir: c’est la transaction qui fixe la valeur d’un objet unique.
Il y a quelque temps nous avons médité ces deux paraboles avec le groupe de jeunes. Un des jeunes a fait cette même objection : “Cela ne colle pas bien parce que nous ne sommes pas une perle de grand prix“.
C’est totalement vrai si je considère mes propres mérites. Mais c’est justement là le message si bouleversant de l’évangile : malgré mes défauts, malgré mes trahisons, malgré mes craintes, j’ai une valeur inestimable aux yeux de Dieu. Cette valeur c’est le prix qu’il a payé pour mon rachat, le prix qu’il a payé pour que je lui appartienne : la vie de son Fils unique. Jean 3:16 résume ce message :
Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils, son unique, pour que tous ceux qui placent leur confiance en lui échappent à la perdition et qu’ils aient la vie éternelle.
Quand nous célébrons la Cène, c’est cela que nous proclamons : Christ nous a rachetés par son sang. Son corps a été brisé pour nous donner la vie, la vie en communion avec Dieu, la seule qui vaille la peine d’être vécue.
Lisons Éphésiens 2:4-7 :
Mais Dieu est riche en bonté. Aussi, à cause du grand amour dont il nous a aimés, alors que nous étions spirituellement morts à cause de nos fautes, il nous a fait revivre les uns et les autres avec le Christ. C’est par la grâce que vous êtes sauvés. Par notre union avec Jésus-Christ, Dieu nous a ressuscités ensemble et nous a fait siéger ensemble dans le monde céleste. Il l’a fait afin de démontrer pour tous les âges à venir, l’extraordinaire richesse de sa grâce qu’il a manifestée en Jésus-Christ par sa bonté envers nous.
Par la bouche d’Ésaïe, il proclame au sujet d’Israël : “Tu m’es précieux, tu as du prix pour moi et je t’aime.” (Esaïe 43:4). Il te le dit aussi à toi. Es-tu prêt à croire cela ?
Les jeunes révoltés des banlieues ont besoin d’entendre cela. Ils ont besoin de savoir qu’ils ont du prix aux yeux de Dieu pour que leur vie prenne un sens. La solution de nos banlieues n’est pas entre les mains de la police, elle est entre les mains de l’Église avec le message du Christ qui dit et démontre que chaque homme a un prix extraordinaire pour lui. Oui Dieu a donné ce qu’il avait de plus précieux : son Fils, et le Christ a donné sa vie pour le salut de l’homme.
La recherche du marchand souligne que Dieu avait un véritable plan dans cette acquisition qui n’avait rien de fortuit. Le temps au passé pour les verbes vendre et acheter montre qu’il s’agit de quelque chose d’acquis, d’accompli une fois pour toutes.
Dans ce chapitre 13 de Matthieu, cette vérité est encore voilée ; elle n’est pas totalement explicite car trop incroyable pour être assimilée. C’est seulement à partir du chapitre 16 de Matthieu que Jésus parle explicitement du prix qu’il allait payer.
Lisons ce passage Matthieu 16:21-23:
21 A partir de ce jour, Jésus commença à exposer à ses disciples qu’il devait se rendre à Jérusalem, y subir de cruelles souffrances de la part des responsables du peuple, des chefs des prêtres et des spécialistes de la Loi, être mis à mort et ressusciter le troisième jour.
22 Alors Pierre le prit à part et se mit à lui faire des reproches : Que Dieu t’en préserve, Seigneur! Cela ne t’arrivera pas!
23 Mais Jésus, se retournant, lui dit : Arrière, “Satan”! Eloigne-toi de moi! Tu es un obstacle à ma mission, car tes pensées ne sont pas celles de Dieu; ce sont des pensées tout humaines.
La réaction de Pierre montre bien combien cette pensée est inimaginable, même pour les disciples. Oui, quelle folie ! Paul le rappelle aux Corinthiens (1 Cor.1:18):
La prédication de la mort du Christ sur une croix est une folie aux yeux de ceux qui se perdent; mais pour nous qui sommes sauvés, elle est la puissance même de Dieu.
Nous savons tout cela, mais j’insiste car ce message de la mort de Christ pour nous racheter est le fondement même de notre foi et le cœur de l’évangile, cette bonne nouvelle du salut offert à tous les hommes par pure grâce.
Voyons maintenant le message de la parabole du trésor dans le champ.
La parabole du marchand achetant la perle nous a permis de souligner qui est Dieu, c’est à dire de répondre à la question “Qui es-tu, Seigneur ?”. C’est bien par là qu’il faut commencer si on veut éviter de s’enfermer dans un discours moralisateur ou légaliste.
La parabole du trésor dans le champ nous invite à répondre à la question “Que faut-il que je fasse ?”. Nous ne pouvons comprendre l’enseignement de la parabole du trésor que si nous avons réalisé ce que le Seigneur a fait pour nous, le prix qu’il a payé pour notre rachat.
Je développerai le message de cette parabole autour de trois mots clés qui sont trois étapes dans notre rencontre avec Dieu : découverte, joie, engagement.
1) Quel est ce trésor que l’homme découvre ? Pour résumer, je dirais que ce trésor c’est le message même de la seconde parabole : j’ai été racheté à un grand prix.
C’est une découverte totalement inattendue, inespérée, démesurée. Un véritable bouleversement de la vie de celui qui découvre ce message extraordinaire.
2) La joie qui en résulte est bien compréhensible ; bonheur et émerveillement face à la révélation du salut de Dieu. C’est vraiment une dimension majeure de l’expérience du chrétien. La louange et l’adoration si importantes dans nos cultes sont l’expression de cette joie merveilleuse. Ce sont la personne et l’œuvre de Dieu qui inspirent notre louange. Le point culminant de notre adoration est le partage du pain et du vin, car ce temps nous conduit au cœur de l’amour de Dieu pour nous, et nous rappelle particulièrement le prix qu’il a payé pour nous.
3) L’engagement, le don total de soi est la conséquence naturelle de cette joie, de ce bonheur incroyable résultant de la découverte du don de Christ pour nous.
Je soulignerai deux choses sur cet engagement :
– Premièrement, cet engagement n’est pas pénible. Il ne s’agit pas d’ascèse ou de mortification. C’est dans son élan de joie que notre homme vend tout ce qu’il possède et achète le champ contenant le trésor.
– Deuxièmement, il n’y avait pas d’autre moyen de s’approprier le trésor que de renoncer à tout ce qu’il avait. Choisir, c’est renoncer.
C’est ce que Jésus souligne avec beaucoup de force dans la suite du passage de Matthieu 16 que j’ai lu tout à l’heure, ce passage ou Jésus annonce sa mort.
Lisons la suite maintenant:
24 Puis, s’adressant à ses disciples, Jésus dit : “Si quelqu’un veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il se charge de sa croix et qu’il me suive.
25 Car celui qui est préoccupé de sauver sa vie la perdra; mais celui qui perdra sa vie à cause de moi, la retrouvera.”
Le premier verset de Romains 12 résume tout l’enjeu de la vie chrétienne :
“Je vous invite donc, frères, à cause de cette immense bonté de Dieu, à lui offrir votre corps comme un sacrifice vivant, saint et qui plaise à Dieu. Ce sera là de votre part un culte spirituel.”
En réponse à son propre sacrifice, c’est notre être entier, corps, âme et esprit que Dieu attend en retour. Nos cœurs et notre intelligence, notre affection et notre réflexion, nos espoirs et nos ambitions.
Le trésor est là dans le champ, il est à ta portée. Dieu a payé le prix du trésor. Es-tu prêt à payer le prix du champ ? Oui assurément la découverte d’un trésor si extraordinaire nous fait renoncer sans regret à ces chimères de satisfaction que la vie nous offre en dehors de notre relation avec Dieu.
Prions:
Merci pour ce message si extraordinaire de ton amour pour moi. Tu me dis encore ce matin : je t’aime, tu as du prix à mes yeux. Oui Seigneur, ton amour est ce que j’ai de plus précieux. Je veux t’offrir ma vie en réponse à cet amour. Amen