Prédication donnée par notre Pasteur Simon Kéglo à Massy le 10 août 2014
Lecture biblique :
Esaïe 41:1-10
1 Tenez-vous en silence devant moi, vous, les îles et les régions côtières! Que les peuples lointains raniment leur courage: qu’ils approchent, qu’ils parlent! Oui, allons ensemble en justice.
2 «Qui a fait lever de l’orient celui que le salut entraîne sur ses pas? Qui lui a livré les nations et qui a abaissé des rois? Son épée pulvérise les peuples devant lui et son arc les disperse comme un fétu de paille emporté par le vent.
3 Il les poursuit et va plus loin, indemne, par un chemin que son pied n’avait pas foulé auparavant.
4 «Qui accomplit cela? Qui le fait arriver? Qui appelle à la vie les générations d’hommes dès le commencement? Moi, l’Eternel, moi, qui suis le premier et qui suis avec les derniers, oui, c’est bien moi!»
5 Les habitants des îles et des régions côtières ont vu ce que j’ai fait et sont saisis de crainte; ceux qui ont pour demeure les confins de la terre se sont mis à trembler. Ils approchent, ils viennent,
6 ils s’aident mutuellement, chacun dit à son frère: «Courage!»
7 Le fondeur de l’idole encourage l’orfèvre. Le polisseur soutient celui qui bat l’enclume. Il dit de la soudure: «Voilà du bon travail!» Et il la fixe avec des clous afin qu’elle ne bouge pas.
8 «Quant à toi, Israël, mon serviteur, Jacob, que j’ai choisi, et descendance d’Abraham, qui était mon ami,
9 toi que je suis allé chercher aux confins de la terre et que j’ai appelé de ses extrémités, toi à qui j’avais dit: Tu es mon serviteur, je t’ai choisi et non pas rejeté:
10 ne sois pas effrayé, car je suis avec toi; ne sois pas angoissé, car moi je suis ton Dieu. Je t’affermis, je viens à ton secours, pour sûr, je te soutiens de mon bras droit qui fait justice.
La fonction des prophètes consiste à exhorter le peuple de Dieu et à l’avertir sur ce qui pourrait lui arriver s’il obéit ou désobéit. En avertissant, le prophète informait les Israélites des conséquences de leur obéissance ou de leur désobéissance, et en exhortant, il communiquait au peuple, la parole qu’il recevait directement de Dieu. Cette Parole reçue par tous les prophètes a été rassemblée et offerte à toute l’humanité pour notre plus grand bien : c’est la Bible.
Par son exhortation, le prophète essayait de convaincre ses auditeurs que ce qu’il disait n’était pas une parole humaine, mais la parole même de Dieu. Pour cela, il recourait régulièrement à l’expression : « La parole de l’Eternel me fut adressée » ou « Ainsi parle l’Eternel ». Infatigablement, il s’efforçait d’attirer le peuple à la sainteté, de le rendre conscient de ses péchés et de ses manquements ; il les appelait à la repentance, seule voie pour le peuple de pouvoir être toujours dans la présence de Dieu, malgré ses égarements, même répétés ; parfois, quand le peuple refusait de se repentir, le prophète prononçait le jugement de Dieu.
Mais ce qui est formidable à savoir, ce qui est salutaire, c’est que le but de cette exhortation, est de donner du courage, de rassurer, de soutenir, de donner de la confiance à un peuple qui ne sait pas toujours rester sur le chemin qui mène à la vie. C’est la conclusion de ce paragraphe d’Esaïe. Nous allons l’examiner de plus près, mais avant, pour mieux comprendre ce qu’il dit, il nous faut revenir à deux chapitres en arrière.
Une terrible prophétie sur Jérusalem
Au chapitre 39, les versets 6 et 7, nous lisons une prédiction concernant Jérusalem : « Un jour viendra où tout ce qui est dans ton palais et tout ce que tes ancêtres ont amassé jusqu’à ce jour sera emporté à Babylone ; il n’en restera rien ici, déclare l’Eternel. Plusieurs de tes propres descendants issus de toi deviendront serviteurs dans le palais du roi de Babylone. »
Cette prophétie sera réalisée et Jérusalem sera détruite, le Temple rasé et la population tuée ou déportée. Ce sera l’événement le plus terrible que connaîtra le peuple d’Israël. Pourtant, loin de penser que dans cette situation à venir, Dieu aurait perdu le contrôle, Ésaïe n’a pas seulement prédit cette catastrophe, il a aussi précisé qu’elle serait l’œuvre de Dieu. Donc si c’est Dieu lui-même qui en sera l’auteur, c’est à dessein qu’il le permettra.
Esaïe s’adresse maintenant à ceux qui souffriront de l’agression babylonienne et qui se demanderont s’il leur reste quelque espoir. Il leur annonce donc que Dieu lui-même mettra fin à l’agression de l’Empire babylonien. Il suscitera quelqu’un de l’Orient qu’il utilisera pour la délivrance de son peuple (v. 2), quelqu’un dont le nom est indiqué au chapitre 44, verset 28 et au chapitre 45, verset 1 : le roi perse Cyrus.
Dieu défie les nations et délivre Israël
Revenons maintenant au chapitre 41, versets 1 à 10. L’Eternel invite les nations à ranimer leur force pour agir, c’est-à-dire, rassembler leurs meilleurs arguments pour plaider efficacement leur cause devant lui. Cela présage donc un jugement divin sur les nations. Le verset 2 nous apprend que l’Eternel lui-même fait lever de l’Orient, le roi païen Cyrus pour lui servir de bras puissant. Ce dernier est présenté comme juste et les nations lui sont livrées, les rois lui sont assujettis (41 : 2). Il écrase tout sur son passage. Puis, au lieu de retourner dans son pays pour rendre gloire à son dieu païen Marduk, après avoir écrasé les nations, « il prend un chemin que son pied n’avait pas foulé auparavant. » C’est celui de Babylone qu’il va conquérir, et du coup, libérer le peuple de Dieu du joug de l’esclavage. Le prophète est amené alors à poser une question : « Qui accomplit cela ? Qui le fait arriver ? » (41 : 4).
Et la réponse se fait sans tarder : « Moi, l’Eternel, moi, qui suis le premier et qui suis avec les derniers, oui, c’est bien moi ! » Ce n’est pas Marduk, l’idole perse qui a agi et fait agir Cyrus comme un instrument, mais c’est l’Eternel Dieu qui l’a fait. Par cela, l’Eternel veut montrer à son peuple tenté d’adorer les idoles des pays où il est captif, qu’elles ne peuvent rien faire. La preuve ! C’est que malgré toute la puissance avec laquelle Cyrus écrase les nations, il ne peut pas aller où il veut ; l’Eternel lui fait prendre un chemin qu’il ne connaît pas. Dieu veut montrer à son peuple qu’il est le Maître Souverain qui commande tout.
Le Proverbes 21 verset 1 nous dit en effet : « Le cœur du roi est un courant d’eau dans la main de l’Eternel ; Il l’incline partout où il veut. » Oui, c’est l’Éternel qui sauve, et non les idoles. Tout le chapitre semble avoir pour but de développer cette idée. Grand est le zèle du païen pour ses dieux, mais quel est celui d’entre eux qui peut connaître l’avenir et qui peut en disposer comme l’Éternel ? Ecoutez ce que le psalmiste en dit : les idoles des peuples,
4 … sont de l’argent et de l’or. 5 Elles ont une bouche mais ne peuvent parler ! Elles ont bien des yeux, mais elles ne voient pas. 6 Elles ont des oreilles, mais qui n’entendent rien ; elles ont des narines mais qui ne sentent rien. 7 Elles ont bien des mains, mais ne peuvent toucher ; elles ont bien des pieds, mais ne peuvent marcher. De leur gorge, jamais aucun son ne s’échappe. 8 Ils leur ressembleront, tous ceux qui les fabriquent, et tous ceux qui leur font confiance. (Ps.115)
L’Eternel seul est vivant et peut faire vivre. Invisible, il est le Souffle Créateur, et seul capable de redonner vie à l’esprit de l’homme.
Esaïe dit trois choses au peuple d’Israël et, au-delà, à tous ceux qui croient en l’Eternel :
- Dieu seul convoque les nations, contrôle leur destinée, les appelle à accomplir sa volonté ; c’est vrai pour Cyrus qu’il a suscité pour libérer son peuple de la captivité, comme il l’avait déjà fait avec Moïse ; c’est vrai aussi pour tout individu qui met sa confiance en l’Eternel aujourd’hui. La preuve de cette affirmation réside dans le fait que Dieu annonce, des siècles à l’avance, toute la succession des événements du chapitre 41. C’est une chose absolument impossible pour les dieux païens dont Esaïe dit qu’ils ne sont que « du vent et du vide » (v. 29).
- Le peuple de Dieu doit comprendre qu’il est le serviteur de l’Eternel (41 : 8-20), pas des idoles ; il a un grand Dieu, son rédempteur, le Dieu trois fois saint qu’il ne doit pas comparer aux idoles. De nos jours, les idoles ont changé de visage ; elles sont moins grossières mais ne demeurent pas moins idoles, et elles peuvent se révéler jusque dans les choses qui nous sont utiles, et même nécessaires. Tout ce qui prend la place de Dieu dans notre vie, tout ce qui devient objet de notre confiance et qui prend la place de Dieu dans notre vie, est idole.
- La troisième chose qui découle naturellement de la deuxième, nous la trouvons dans les versets 8 à 10 qui décrivent l’amour et les soins personnels de Dieu pour son peuple. La question sous-entendue pour le peuple d’Israël est : les idoles ont-elles jamais pris soin de vous d’une façon aussi tendre ? De nos jours, nous jouissons des bienfaits des sciences technologiques, médicales et autres. Je rends souvent grâce à Dieu pour mon époque ; tout semble facile et accessible, que ce soit le savoir ou les biens matériels. Mais, si nous ne les accueillons pas comme fruit de la grâce divine (comme le disait le médecin protestant Ambroise Paré au 16ème siècle, parlant de ses patients : (« je les soigne et Dieu les guérit »), alors ils deviendront nos idoles, et cette question résonnera au plus profond de nos âmes : est-ce que ces idoles peuvent prendre soin de vous aussi tendrement que le fait l’Eternel, le Souffle Créateur ?
Dieu a appelé le peuple d’Israël depuis Ur en Chaldée pour être son serviteur ; les Israélites sont donc assurés de sa présence, de sa communion, de son aide et de sa puissance. De même, il nous a appelés de différents horizons pour nous rassembler comme son peuple en Jésus-Christ. Nous sommes nous aussi, bien plus que les Israélites, assurés de sa présence (« Je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde » Matthieu 28 : 20) ; nous vivons de sa communion (« Demeurez en moi, et je demeurerai en vous. Comme le sarment ne peut de lui-même porter du fruit, s’il ne demeure attaché au cep, ainsi vous ne le pouvez non plus, si vous ne demeurez en moi. » Jean 15:4).
Que le verset 10 qui conclut le paragraphe résonne dans nos cœurs, comme il a certainement résonné dans celui du peuple d’Israël : « Ne crains rien, car je suis avec toi ; ne promène pas des regards inquiets, car je suis ton Dieu ; je te fortifie, je viens à ton secours, je te soutiens de ma droite triomphante. » Amen.