Prédication donnée par Colette Jeuch à Massy le 6 mars 2016
Si j’affirme que DIEU SEUL EST BON ET DONNE LE BONHEUR, êtes-vous d’accord avec cette déclaration ? Vous semble-t-elle juste, vraie ?
Mais croyons-nous tout le temps cette vérité, dans les petites choses comme dans les grandes choses de la vie courante ?
Ne nous arrive-t-il pas, de temps en temps, de courir après le bonheur, ailleurs qu’en Dieu?
Pour nous aider dans notre réflexion sur ce sujet je vous invite à rejoindre un jeune homme qui s’approche de Jésus et lui dit : Maître, que dois-je faire de bon pour avoir la vie éternelle ?
Avant de prendre notre texte, bien connu sous le titre « le jeune homme riche », imaginons que quelqu’un nous arrête dans la rue et nous pose cette question ! Quelle serait notre réponse ?
– Crois au Seigneur Jésus et tu seras sauvé
– ou Jean 3:16 ; ou Romain 6:23 : la vie éternelle est un cadeau de Dieu ; … etc.
– Jean 17:2 qui définit la vie éternelle : « la vie éternelle c’est qu’ils te connaissent toi le seul vrai Dieu et celui que tu as envoyé dans le monde : Jésus-Christ. »
Voyons la réponse de Jésus dans Matthieu 19:16-22
(La Bible du Semeur (BDS))
16 Alors un jeune homme s’approcha de lui et lui dit:
—Maître, que dois-je faire de bon pour avoir la vie éternelle?
17 —Pourquoi m’interroges-tu sur ce qui est bon? lui répondit Jésus. Un seul est bon. Si tu veux entrer dans la vie, applique les commandements.
18 —Lesquels? demanda l’autre.
—Eh bien, répondit Jésus, tu ne commettras pas de meurtre; tu ne commettras pas d’adultère; tu ne voleras pas; tu ne porteras pas de faux témoignage[a];
19 honore ton père et ta mère, et tu aimeras ton prochain comme toi-même[b].
20 —Tout cela, lui dit le jeune homme, je l’ai appliqué. Que me manque-t-il encore?
21 Jésus lui répondit :
—Si tu veux être parfait, va vendre tes biens, distribue le produit de la vente aux pauvres, et tu auras un capital dans le ciel. Puis viens et suis-moi.
22 Quand il entendit cela, le jeune homme s’en alla tout triste: car il était très riche.
À la question que dois-je faire de bon pour avoir la vie éternelle ? Jésus ne commence pas par lui demander de croire en lui, de croire qu’il est le Messie attendu, mais il pose un postulat : UN SEUL EST BON, sous-entendu, comme le disent les évangélistes Marc et Luc, DIEU SEUL EST BON.
Et Jésus poursuit immédiatement en faisant référence aux Commandements donnés par Moïse. Mais quand le jeune homme demande lesquels de ces commandements il doit appliquer, Jésus curieusement ne répond pas : « tous », mais il cite le 2ème volet des dix Commandements qui touche la vie sociale, nos relations aux autres, le vivre ensemble v. 18-19.
Pourquoi Jésus choisit-il de répondre ainsi?
Regardons la réponse du jeune homme v.20a ; elle peut nous paraître présomptueuse, mais Jésus ne met pas en doute sa sincérité, car très certainement cet homme vit dans l’application scrupuleuse de la loi, tel que les maîtres pharisiens de son temps la lui ont enseignée.
Ce jeune homme se contraint à respecter toutes les règles, mais il n’est pas heureux, pas satisfait : que me manque-t-il encore ? v.20b
Revenons maintenant à la tactique de Jésus qui a choisi de ne pas commencer par le 1er volet des dix Commandements qui touche notre relation directe à Dieu : « pas d’autre dieu que moi ; pas d’idole, pas de représentation quelconque ; ne pas prendre le nom de Dieu pour tromper le prochain ; respecter le sabbat » ; voilà les quatre premiers commandements que l’on peut résumer par « tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ta force, de toute ton âme, de toute ta pensée ».
En demandant maintenant au jeune homme de vendre tous ses biens et d’en distribuer le produit aux pauvres, Jésus lui fait réaliser qu’il aime son argent plus que Dieu et qu’il est loin de respecter le 1er et le 2ème commandement !
Inconsciemment, le jeune homme a fait de son argent son dieu, une idole devant laquelle il se « prosterne » toutes les fois où il met sa sécurité, sa confiance dans son argent ; il a fait de son argent son dieu, une idole devant laquelle il se « prosterne » toutes les fois où il fait l’aumône aux pauvres et en tire une satisfaction, un bonheur, ou une gloire personnelle, etc.
C’est pour cela que Jésus lui demande de se débarrasser de cet argent qui est un piège pour lui. Remarquez que Dieu n’a pas demandé à Abraham ou à Job de se débarrasser de leur fortune pour le suivre. Mais là, c’est ce qu’il demande à ce jeune homme car il en est bien plus esclave qu’il ne le croit.
Ce qui lui « manque » c’est de ne pas mettre Dieu en premier ; inutile de chercher encore ce qui est bon à faire pour être encore “plus bon” et pouvoir obtenir la vie éternelle par ses propres efforts et qualités. Cet homme, pourtant religieux, est dans la méconnaissance de Dieu et dans l’illusion sur sa propre personne.
Rappelez-vous, Jésus a commencé son dialogue avec le jeune homme en disant : DIEU SEUL EST BON et maintenant Jésus complète cette vérité sur Dieu en disant que la vie éternelle ne s’achète pas, qu’elle ne se gagne pas par des actes et des efforts, mais que le bonheur après lequel court le jeune homme est donné à ceux qui mettent leur confiance en Dieu seul.
Jésus casse le modèle de pensée et de foi du jeune homme pour le remplacer par
DIEU SEUL EST BON et DONNE LE BONHEUR, LA VIE ÉTERNELLE.
Avec beaucoup de finesse et d’amour Jésus lui dit : Tu n’es pas bon et tu n’es pas si pieux que cela ; l’argent en qui tu te confies est ton dieu et il ne peut te donner le bonheur et encore moins la vie éternelle ; laisse tomber ce faux dieu et suis-moi.
La réaction du jeune homme montre que Jésus a bien mis le doigt là où ça fait mal : le jeune homme s’en alla tout triste, car il était très riche. v.22 C’est tout son univers et son mode de pensée qui s’écroulent, et c’est insupportable pour lui parce qu’il est encore dans son aveuglement.
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Quelle leçon tirer pour nous, de cette histoire ? Je ne pense pas qu’il y ait beaucoup de personnes très riches parmi nous et là n’est peut-être pas le danger pour nous – bien que … — mais le danger rôde ailleurs et c’est ce que je vous propose de voir maintenant.
Si nous croyons cette vérité absolue, DIEU SEUL EST BON et DONNE LE BONHEUR alors nous verrons la bonté de Dieu à l’œuvre dans notre vie, et nous connaîtrons la sérénité, la joie du cœur, dans les bons comme dans les mauvais jours. Nous serons dans le bonheur, le bonheur étant cette disposition intérieure créée par le Saint-Esprit qui nous garde dans la paix de Dieu en toute circonstance : c’est la vie éternelle, la vie avec Dieu. Ce sont les béatitudes de Matthieu 5 !
Mais comme toujours, face aux vérités bibliques, nous avons le choix entre les croire, ou ne pas les croire, ou ne plus les croire totalement, ne serait-ce qu’un moment.
Si on ne croit pas ou si on oublie que le bonheur est en Dieu seul, alors on va aller le chercher ailleurs !
1) Par exemple, on va alors attribuer totalement ou partiellement ce pouvoir et cette qualité qui reviennent à Dieu seul à une chose.
o Pour certains ce sera l’argent – comme notre jeune homme riche ;
o pour d’autres ce sera la possession d’un bien matériel : une belle maison, une belle voiture, une vigne comme le roi Achab qui voulait à tout prix la vigne de Naboth, ce champ qui jouxtait son palais pour en faire un potager. C’est devenu une idée fixe qui la conduit au meurtre, via sa femme (1 Rois 21) ;
o pour d’autres encore ce sera le plaisir sexuel, ou les plaisirs de la table, ou le sport, ou le pouvoir, ou le travail – la réussite professionnelle, … etc.
Attention ! Toutes ces choses ne sont pas mauvaises en soi et peuvent même être légitimes, SAUF si on leur donne le pouvoir de nous rendre heureux.
Pose-toi la question : quelle place prend telle chose dans ta vie ?
Si on oublie que Dieu est seul bon et si on croit que le bonheur dépend de cette chose, alors on va se retrouver très vite livré à l’esclavage de la convoitise qui déchaîne en nous toutes sortes de passions pour obtenir – ou pour garder — à tout prix cette chose, au prix parfois du mensonge, de la dissimulation, de la colère, de la jalousie, voire de la violence verbale ou physique … Quel malheur et quelle fatigue de vivre ainsi ! — c’est loin d’être du bonheur ! Quelle folie d’oublier que
DIEU SEUL EST BON et DONNE LE BONHEUR
2) Il y a un 2ème danger qui nous guette, c’est d’attribuer ce pouvoir et cette qualité qui reviennent à Dieu seul à une personne : une belle jeune fille, un jeune homme, son mari, son épouse, ses enfants, un chef politique ou religieux, …etc.
Attention ! Ces personnes peuvent contribuer à notre bonheur si nous les recevons comme un cadeau que Dieu nous fait.
Mais si on attribue à cette personne ce pouvoir de nous rendre heureux, alors on risque fort de se retrouver livré à l’esclavage de la jalousie, ou devenir possessif, étouffant,… ou vivre dans la peur de perdre la personne en qui on se confie pour nous apporter le bonheur, etc. Vous imaginez la vie de couple ou la vie de famille que ça donne ! Voilà vers quels rivages on peut s’embarquer lorsqu’on oublie que
DIEU SEUL EST BON et DONNE LE BONHEUR,
et que toutes ces personnes sont des cadeaux de Dieu
3) Et il y a un 3ème danger : attribuer cette qualité et ce pouvoir à soi-même !! Notre jeune homme était dans ce cas aussi, car son argent lui permettait d’être prodigue, bon, généreux. Attention ! à tous nos domaines d’excellence et de compétences qui peuvent devenir un piège et nous amener à nous croire bons et capables d’apporter le bonheur aux autres… Et attendre en retour considération, respect, admiration, voire adoration.
Et pour obtenir ou conserver cette admiration, et laisser croire qu’on est bon, on manie l’hypocrisie, le mensonge, ou l’humour, ou la séduction, le charme … Là encore, c’est épuisant, que d’énergie gaspillée !
On peut même éprouver de la jalousie à l’égard de toute autre personne qui prétend être bonne et donner le bonheur à ceux qui sont autour de nous (Toutes ces histoires de famille entre belle-mère/belle-fille « elle vole ma place auprès de mon fils »)
Notre jeune homme riche a respecté tous les commandements horizontaux – ceux qui régissent les relations humaines : il honore ses parents, il ne vole personne, il secourt la veuve et l’orphelin, il fait l’aumône aux pauvres, etc., toute la liste détaillée dans le livre du Lévitique, il l’a respectée puisqu’il dit avoir aimé son prochain comme lui-même fin v.19 « Quel bon fils ! Quel brave homme ! ».
Nous aussi nous tombons parfois dans cette illusion que nous ne sommes pas si mauvais que ça, et voulons donner l’image du bon chrétien, mais au fond nous savons bien que nous ne sommes pas si bons et si braves, mais nous voilà piégés dans ce rôle, ou alors, plus grave, nous nous laissons séduire par cette illusion, par cette apparence que nous finissons par croire.
Folie d’imaginer que l’on puisse être bon de nous-mêmes, de notre propre fonds.
Le jeune homme est parti tout triste.
Jésus dit alors à ses disciples : v. 23-24
Vraiment, je vous l’assure: il est difficile à un riche d’entrer dans le royaume des cieux. Oui, j’insiste : il est plus facile à un chameau de passer par le trou d’une aiguille qu’à un riche d’entrer dans le royaume de Dieu.
Nous l’avons vu, on peut être « riche » de bien des manières autres que l’argent : toutes les fois où nous attribuons à une chose, à une personne ou à nous-même, une qualité ou un pouvoir qui appartient à Dieu seul, nous nous “enrichissons” de casseroles monumentales qui nous empêchent de passer la porte.
Alors Dieu, – qui veut que nous passions cette porte, car il veut notre bonheur, il veut nous sauver – Dieu, dans sa grande sagesse, nous livre alors à ce que nous croyons et nous laisse courir après un bonheur imaginaire jusqu’à ce que nous réalisions notre folie et que nous nous en repentions.
Analysons tous ces sentiments qui surgissent en nous de temps à autres : convoitise, mensonge, dissimulation, colère, jalousie, hypocrisie, séduction, … etc.
Inutile de confesser ces mauvais sentiments-là puisque c’est ce à quoi Dieu nous livre et qui doivent agir comme des signaux d’alarme pour nous faire prendre conscience de notre péché à la racine : avoir oublié qui était Dieu réellement !
Le péché que nous devons confesser c’est l’incrédulité : ne plus avoir cru – même un instant – en Dieu seul, mais avoir pris sa place, ou avoir donné sa place à une autre chose ou une autre personne.
En entendant les paroles de Jésus,
les disciples étonnés ont posé la question :
v. 25-26 — Mais alors, qui donc peut être sauvé? Jésus les regarda et leur dit:
— Cela est impossible aux hommes; mais à Dieu, tout est possible.
Impossible aux hommes de se sauver eux-mêmes, mais à Dieu, tout est possible, car Dieu est venu en Jésus-Christ pour nous sauver de nos folies. Il a manifesté sa bonté en mourant sur une croix à notre place, en portant sur lui notre péché, nos égarements, pour que nous soyons pardonnés et renouvelés par l’Esprit Saint qui nous attristera lorsque nous oublierons qui est Dieu ; et quand nous aurons touché le fond de notre vanité ou de notre folie, le Saint-Esprit nous rappellera alors que
DIEU SEUL EST BON et DONNE LE BONHEUR
Au jeune homme, Jésus a dit : va vends tous tes biens, distribue le produit de la vente aux pauvres, et tu auras un trésor dans le ciel. Puis viens et suis-moi.
Oui, laissons tomber les petits dieux auxquels nous nous accrochons encore, bien que chrétiens, et entrons dans la suivance du Christ pour connaître le vrai bonheur en vivant l’évangile et en servant notre Dieu, dans le monde, dans l’Eglise, dans nos familles, avec contentement, remplis de sa joie et de sa grâce.