Prédication donnée par notre Pasteur Simon Kéglo à Massy le 21 septembre 2014

Bien d’ouvrages donnent des recettes pour arriver au succès dans le travail, et nous les appliquons parfois au travail en Eglise. Sur un plan humain, bien suivies avec discernement, elles peuvent être utiles. Mais seulement voilà : nous ne sommes pas dans un travail séculier ; nous sommes dans le champ de Dieu ; et quelques utiles que peuvent être les lois de nos sociétés pour le travail spirituel, nous devons toujours revenir à la Parole de Dieu et y découvrir la manière dont Dieu nous invite à fonctionner dans son champ. C’est ce que nous essayons de dégager du livre de Néhémie.
• Dans la première prédication, nous avons mis en relief la nécessité de discerner les vrais problèmes que nous pouvons rencontrer dans la vie de l’Eglise afin de pouvoir y apporter des solutions efficaces (Néhémie 1:1-4). On dit des ingénieurs que les bons ne sont pas forcément ceux qui ont inventé des solutions et qui cherchent à quels problèmes les appliquer, mais ceux qui sont en face des problèmes, qui réfléchissent et trouvent des solutions.

• La deuxième prédication nous a permis d’insister sur l’importance de la prière, la prière qui est source de force et d’inspiration face aux problèmes (Néhémie 1:4-11).
• Dans la troisième, nous avons insisté sur la dynamique des relations interpersonnelles : l’importance de la loyauté et du tact les uns à l’égard des autres (Néhémie 2:1-8).
• La quatrième prédication nous a exhortés sur l’importance de savoir nous motiver les uns les autres dans le service. Mais la première source de motivation à laquelle Néhémie nous invite se trouve dans la fidélité de Dieu : « la bonne main de mon Dieu était sur moi. » Néhémie l’a dit à deux reprises dans le chapitre 2 (vv. 8, 18).

Le chapitre 3 que nous lisons ce matin nous apprend que l’œuvre du Seigneur est le travail de tous, et que chacun, avec le don qu’il a reçu de Dieu, s’engage, occupe son poste et travaille ensemble avec les autres. C’est ce que Néhémie et ceux qui ont travaillé à la restauration de la ville de Jérusalem ont compris. Si nous appliquons leur exemple à notre travail à Massy, nous sommes certains de faire l’œuvre du Seigneur et nous le ferons vraiment pour sa gloire. L’Église réussira sa mission si nous vivons nos engagements ensemble, les uns avec les autres, chacun à son poste, dans la communion les uns avec les autres et avec notre Maître, le Seigneur Jésus.

Le chapitre est facile à analyser. Chaque paragraphe est construit autour d’une des portes de la ville. Cependant le message du chapitre n’est pas aussi facile à comprendre. Ceux qui l’ont lu avant de venir ce matin s’en sont aperçu. On est tenté d’ignorer le chapitre, de passer vite au suivant, à cause de la longue liste de noms et des répétitions qui s’y trouvent. Et pourtant, comme je l’ai dit en introduction, nous pouvons y trouver des leçons pour nous aider à réaliser l’œuvre du Seigneur, de manière à pouvoir affirmer avec le psalmiste « notre œuvre est pour le Roi » (Psaume 45:1).

1. Que chacun soit trouvé fidèle
La première leçon que nous découvrons dans ce chapitre, c’est que chacun doit être trouvé fidèle comme l’apôtre Paul le recommande en 1 Corinthiens 4:2, là où le Seigneur l’appelle à servir. Dans le texte de Néhémie, cette leçon se trouve dans la répétition des expressions « à côté de lui » ou « à côté de » (Néhémie 3:2, …) chacun à sa place, à sa porte, à côté de l’autre qui est à sa place. Avec l’aide de Néhémie, chaque personne, chaque groupe savait ce qu’il avait à faire, où il allait travailler. Chaque personne avait donc conscience de la responsabilité qui lui incombait, ainsi que ce que le Seigneur attendait lui.

Mais savoir quelle est sa place dans le service chrétien suppose qu’on a la volonté de participer à ce qui se fait au nom du Seigneur, qu’on sait quel don on a reçu du Seigneur et qu’on sait comment on est appelé à le mettre au service du Corps du Christ.

En tant que baptistes, nous croyons que chaque chrétien a reçu du Seigneur un don afin de servir comme le Seigneur le veut. Mais quand je parle de don, je parle de grâce (et c’est le sens du terme « don » dans le Nouveau Testament), je parle de la grâce que Dieu fait à chacun de le servir dans tel ou tel secteur de la vie de la communauté chrétienne, avec les moyens que lui-même le Seigneur donne. Je me réjouis à chaque fois que l’un de vous vient me voir et me dit : « je vois qu’il y a ceci ou cela à faire ; personne pour l’instant ne le fait ; je peux et je veux bien le faire, si tu veux. »

2. Que chacun travaille au bien de l’ensemble
C’est la deuxième leçon que nous tirons du chapitre. Il s’agit d’une œuvre de coopération : chacun à sa porte mais dans une communion totale avec les autres car c’est une œuvre d’ensemble, une œuvre pour que l’ensemble soit bien édifié. Dans ce chapitre trois du livre de Néhémie, des hommes venus d’endroits différents, appartenant à des milieux différents, ont travaillé ensemble à la muraille. On y trouve des prêtres, des lévites, des dirigeants et des gens du peuple, des portiers et des gardes, des fermiers et des orfèvres, des pharmaciens (les parfumeurs) des commerçants, des serviteurs du temple et des femmes.

Il y avait des hommes venus de Jéricho, de Tékoa, de Gabaon et de Mitspa, de Zanoach, de Beth-Hakkérem, de Beth-Tsur et de Keïla. Pour toutes ses personnes, Fortifiée Jérusalem, en réalité, ne leur apportait pas grand-chose et ils auraient très bien pu continuer à s’occuper de leurs propres affaires, dans leurs propres villes, au lieu de s’engager dans un travail aussi peu profitable.

Dans la liste, nous observons qu’il se trouvait également des hommes appartenant à diverses corporations (ont dirait aujourd’hui à des syndicats). Si ces corporations ressemblaient à celles de notre temps, ces hommes auraient monté des piquets de grève, car Néhémie ne payait pas le salaire minimum requis et ils faisaient plus que 35 heures. Quelle est donc la force qui les mobilisait et les motivait à travailler ?

Certes, Néhémie en était pour quelque chose. Il savait convaincre les gens de donner non seulement de leur temps, mais encore faire de leur mieux. Tous ces gens sans exception travaillaient à leur plein gré parce qu’ils avaient le cœur à l’ouvrage ! (Néhémie 4:6) Mais la première source de motivation de ces hommes se trouvait dans leur amour pour leur Dieu, pour leur pays et pour leur peuple.

Les volontaires de Néhémie sont un excellent exemple ; ils ont tous travaillé ensemble à la reconstruction de la muraille. Venus d’horizons différents, ils ont su se rassemblés, sous la conduite de Néhémie pour un seul et même objectif : bâtir la maison de Dieu et donner gage et sécurité au peuple de Dieu pour qu’il avance.

3. Même en Eglise, la personne humaine est plus importante que le ministère à accomplir
Nous vivons dans une société très individualisée. Les magasins où nous allons faire nos courses chaque semaine s’intéressent bien davantage à notre carte bancaire qu’à la qualité et la fiabilité des produits qu’ils nous proposent. Pour le service des impôts, nous ne sommes que des contribuables, des numéros, pour ainsi dire. Pour vous tous qui travaillez dans de grandes entreprises, vous savez que si, pour une raison ou pour une autre, il vous arrivait de ne pas être à votre poste, peu de personnes se rendraient compte de votre absence. Oui, le patron, le chef le saura, parce que vos chiffres ne lui seraient pas parvenus.

Dans ce chapitre, Néhémie nous montre d’une manière implicite, combien il est nécessaire de se connaître et de se soucier les uns des autres. On a l’impression qu’il connaissait chaque travailleur par son nom ; qu’il savait parfaitement à quel endroit précis chacun se trouvait et ce qu’il faisait. On a le sentiment donc qu’il les traitait comme des personnels non comme des choses. Ils avaient de la valeur à ses yeux. Pour lui, il ne s’agissait pas seulement d’accomplir une œuvre pour que les générations à venir puissent se souvenir de lui. Il voulait accomplir une œuvre, certes ; mais il voulait aussi que l’œuvre accomplie grandît chaque personne qui y avait participé ; il voulait que chacun eût le sentiment d’avoir été utile. Il les a donc mentionnés, chacun par son nom.

A ce propos, nous avons un grand défi à relever. Nous sommes une Eglise qui grandit ; nous devenons de plus en plus nombreux, et cela devient de plus en plus difficile de connaître chacun par son nom, de savoir ce qui arrive à l’un ou à l’autre. C’est pour cela, comme Néhémie, nous avons organisé de différentes portes, avec des chefs d’équipes pour que chacun soit, non seulement impliqué, mais aussi pour favoriser cette connaissance les uns des autres, pour pouvoir nous appeler par nos prénoms afin de donner une existence à chacun. Ces portes, ce sont les différents groupes que nous avons dans l’Eglise : les groupes de maison, les groupes de jeunes, le groupe des dames. Tous ceux qui fréquentent ces groupes se connaissent et s’appellent les uns les autres ; quand quelque chose arrive à l’un, les autres sont au courant, et s’il faut prier, ils prient ; s’il faut visiter, ils visitent ; s’il faut aider, ils aident. Et chacun se sent utile dans la vie de la communauté, chacun prend de la valeur aux yeux des autres.

En plus de tous ces groupes, nous avons également les repas fraternels qui sont des occasions de communion pour tous ceux qui veulent fraterniser agréablement avec d’autres. Pour moi, ce ne sont pas seulement des occasions pour se remplir l’estomac, mais de véritables moments de communion. C’est ce que faisait la communauté chrétienne des premiers siècles, et les chrétiens se fortifiaient mutuellement dans ces occasions.

L’Église réussira sa mission si nous vivons nos engagements ensemble, les uns avec les autres, chacun à son poste, dans la communion les uns avec les autres et avec notre Maître, le Seigneur Jésus. Amen