Résultat de recherche d'images pour "néhémie"Texte de la prédication de Simon Kéglo donnée à Massy le 22 juin 2014

Néhémie 2. 9-20 : le passage

9 Je me rendis auprès des gouverneurs de l’autre côté du fleuve, et je leur remis les lettres du roi, qui m’avait fait accompagner par des chefs de l’armée et par des cavaliers. Sanballat, le Horonite, et Tobija, le serviteur ammonite, l’ayant appris, eurent un grand déplaisir de ce qu’il venait un homme pour chercher le bien des enfants d’Israël. J’arrivai à Jérusalem, et j’y passai trois jours. Après quoi, je me levai pendant la nuit avec quelques hommes, sans avoir dit à personne ce que mon Dieu m’avait mis au cœur de faire pour Jérusalem. Il n’y avait avec moi d’autre bête de somme que ma propre monture. Je sortis de nuit par la porte de la vallée, et je me dirigeai contre la source du dragon et vers la porte du fumier, considérant les murailles en ruines de Jérusalem et réfléchissant à ses portes consumées par le feu. Je passai près de la porte de la source et de l’étang du roi, et il n’y avait point de place par où pût passer la bête qui était sous moi. Je montai de nuit par le torrent, et je considérai encore la muraille. Puis je rentrai par la porte de la vallée, et je fus ainsi de retour. Les magistrats ignoraient où j’étais allé, et ce que je faisais. Jusqu’à ce moment, je n’avais rien dit aux Juifs, ni aux sacrificateurs, ni aux grands, ni aux magistrats, ni à aucun de ceux qui s’occupaient des affaires. Je leur dis alors : Vous voyez le malheureux état où nous sommes ! Jérusalem est détruite, et ses portes sont consumées par le feu ! Venez, rebâtissons la muraille de Jérusalem, et nous ne serons plus dans l’opprobre. Et je leur racontai comment la bonne main de mon Dieu avait été sur moi, et quelles paroles le roi m’avait adressées. Ils dirent : Levons-nous, et bâtissons ! Et ils se fortifièrent dans cette bonne résolution.

19 Sanballat, le Horonite, Tobija, le serviteur ammonite, et Guéschem, l’Arabe, en ayant été informés, se moquèrent de nous et nous méprisèrent. Ils dirent : Que faites-vous là ? Vous révoltez-vous contre le roi ? Et je leur fis cette réponse : Le Dieu des cieux nous donnera le succès. Nous, ses serviteurs, nous nous lèverons et nous bâtirons ; mais vous, vous n’avez ni part, ni droit, ni souvenir dans Jérusalem.

Rappel des trois premières prédications

Au chapitre 1 du livre de Néhémie, nous avons lu que Néhémie reçoit à Suse la visite d’un compatriote venu de Jérusalem, Hanani. Il profite de l’occasion pour s’enquérir de la situation politique, sociale et religieuse de Jérusalem, sa ville d’origine. Les nouvelles ne sont pas bonnes :

  • ceux qui ont échappé à la déportation mais qui sont maintenus captifs dans la province de Juda, vivent dans une grande misère et dans la honte ;

  • les murailles de Jérusalem sont en ruines, et ses portes ont été brûlées. (1 : 3)

A l’écoute de ces nouvelles, Néhémie est abattu ; il écrit : « Lorsque j’entendis ces choses, je m’assis, je pleurai, et je fus plusieurs jours dans la désolation » (1 : 4). Néhémie fait sien l’état lamentable du peuple ; il partage et voit la souffrance de son peuple ; il ressent cette souffrance selon le cœur de Dieu ; la détresse du peuple est sa détresse. Il s’assoit et pleure. Pendant plusieurs jours, il reste dans une profonde tristesse et il jeûne.

Mais il sait vers qui se tourner. Il prie. Sa tristesse, sa détresse, ses larmes, et son jeûne, trouvent une issue dans la prière. Dans sa prière, il loue Dieu. Même dans cette situation de désolation totale, il reconnaît la grandeur et la fidélité de Dieu : « Ah ! Seigneur Dieu qui es au ciel, Dieu grand et terrible ! Tu gardes ton alliance avec ceux qui obéissent à tes commandements, tu restes fidèle à ceux qui t’aiment. » (1 : 5).

Puis, Néhémie confesse les péchés de son peuple. Mais il sait qu’il doit être un intercesseur pour son peuple, pas un condamnateur qui confond intercéder et répandre du mal sur le peuple devant Dieu. Pour cela, non seulement il prie « Jour et nuit » pour son peuple, il s’identifie au peuple en prenant sur lui les péchés du peuple ; il les confesse comme étant ses propres péchés :

« … Ecoute la prière que ton serviteur t’adresse en ce moment, jour et nuit, pour tes serviteurs les enfants d’Israël, en confessant les péchés des enfants d’Israël, nos péchés contre toi ; car moi et la maison de mon père, nous avons péché. 7 Nous t’avons offensé, et nous n’avons point observé les commandements, les lois et les ordonnances que tu prescrivis à Moïse, ton serviteur. » (1 : 6-7)

Ce comportement de Néhémie nous enseigne ceci : nous pouvons nous lamenter sur l’état du peuple de Dieu, mais si nous n’avons pas la capacité de nous identifier avec le peuple, nos lamentations resteront stériles. Ce sont ceux qui savent s’identifier avec le peuple de Dieu en difficulté qui peuvent vraiment intercéder pour lui dans la présence de Dieu. Et quand il y a de tels hommes et femmes, comment Dieu ne mettrait-il pas dans le cœur des visions et des missions pour son peuple !

Au chapitre 2 du livre, nous voyons Néhémie qui commence à organiser sa mission. Si dans le malheur il s’est tourné vers Dieu, il sait aussi que Dieu ne peut agir que par les hommes, et surtout par lui-même, Néhémie. Puisqu’il a prié, puisqu’il a confié à Dieu le chagrin qu’il a dans le cœur pour son peuple, il réalise que ses prières l’engagent pour l’accomplissement du plan de Dieu ; il doit participer lui-même à l’exaucement de ses propres prières ; il doit agir. Encouragé par sa relation avec Dieu, Néhémie trouve le courage d’aller demander des lettres d’accréditation royales à présenter aux gouverneurs de l’autre côté du fleuve, afin qu’ils le laissent passer et arriver jusqu’à Juda ; il demande également une lettre pour Asaph, gardien de la forêt du roi, afin que celui-ci lui donne du bois pour la réalisation de son travail. Et il a tout obtenu. Il est encouragé et motivé, et voici la raison et la source de sa motivation : « la bonne main de mon Dieu était sur moi » (v. 8), une motivation qui donne toute la gloire à Dieu. Quelqu’un a fait sur ce verset le commentaire suivant :

« Il est bon pour nous de noter ce principe dans les voies de Dieu envers son peuple. S’il place dans nos cœurs un désir pour quelque service que ce soit – un service à sa gloire – il ouvrira certainement devant nous le chemin pour l’accomplir. Si c’est réellement de son œuvre que nos esprits sont occupés, il nous rendra capables de la faire au moment de son choix. La porte peut paraître fermée et barrée ; mais si nous nous attendons à celui « qui ouvre et nul ne fermera », nous découvrirons qu’elle s’ouvrira à nous soudainement, de sorte que nous puissions entrer sans empêchement ni obstacle. Il ne pouvait y avoir de position plus difficile que celle de Néhémie ; mais le Seigneur qui avait touché son cœur à cause de l’affliction de son peuple, enleva tous les obstacles et le libéra pour son travail d’amour à Jérusalem. »

Des ennemis à affronter

Dans le paragraphe de ce matin, Néhémie arrive à Jérusalem, commence par faire une inspection, un état des lieux, et il va se rendre compte de deux choses : faire face aux forces négatives qui ont pour objectif de le décourager dans sa mission, et transmettre aux autres serviteurs sa propre motivation.

En effet, les ennemis des Israélites en Samarie ne tardent pas à apprendre l’arrivée de Néhémie : « Samballat, le Horonite, et Tobija, le serviteur ammonite, l’ayant appris, eurent un grand déplaisir de ce qu’il venait un homme pour chercher le bien des fils d’Israël » (2 : 10).

Mais comment Néhémie a-t-il eu vent de leurs sentiments ? (4 : 1-3, 7-8, 15-16 ; 6 : 1-2 ; …). Il est vrai qu’à cause des expériences que les Israélites ont faites dans le passé (Esdras 4 : 4-24), Néhémie peut s’attendre à rencontrer une opposition ou alors, il a dû placer des collaborateurs fidèles, des hommes de confiance qui devaient avoir pour mission de surveiller les ennemis.

En tout cas, dès son arrivée, les signes d’opposition à sa mission se font sentir, et cette opposition va s’accentuer devant lui à chaque pas. De fait, c’est l’opposition de Satan au travail de Dieu. « quand Sanballat, le Horonite, et Tobija, le serviteur ammonite, l’apprirent, ils furent très mécontents de ce qu’un homme fût venu pour chercher le bien des fils d’Israël » (v. 10). Ils sont les ennemis du peuple et comme tels, ils sont pour Satan des instruments appropriés et naturellement opposés à tout effort destiné à redonner vie au peuple qu’ils méprisent. Nous avons des raisons de voir dans leurs œuvres, des actions du Diable :

Samballat est gouverneur de la province de Samarie. On l’appelle « le Horonite », car il descend probablement d’une famille originaire de l’une des maisons du dieu Horon (Josué 16 : 3). Son associé dans ce mal est un Ammonite du nom de Tobija, et les Ammonites associés aux Moabites sont des ennemis déclarés d’Israël (Deut.23 : 3-4). Au verset 19, un nom s’ajoute à la liste, celui de Guéschem, certainement un puissant émir à la tête d’un groupe d’Arabes, des Ismaélites. Tous sont des instruments du Diable pour empêcher l’œuvre de Dieu, de génération en génération.

Il y a comme un establishment déjà installé dans la région par les ennemis du peuple, et l’arrivée de Néhémie à Jérusalem bouscule la structure du pouvoir établi dans la ville. Sa venue préoccupe les prêtres et les dirigeants installés par le pouvoir ennemi (5 : 5, 7-10 ; 6 : 7-19 ; 13 : 4-9).

Néhémie le sait. Il ne dit rien à personne et procède, aidé par le peu d’hommes fidèles qu’il a, à une inspection de l’état de Jérusalem : « Je me levai de nuit, moi et le peu d’hommes qui étaient avec moi – et je n’avais informé personne de ce que mon Dieu m’avait mis au cœur de faire pour Jérusalem » (v. 12).

Néhémie motivé, motive d’autres serviteurs

Face à la difficulté, Néhémie reconnaît la source de son inspiration pour le travail : c’est Dieu. Une telle assurance est le secret de sa force et de sa persévérance dans le service. Il se met à la tâche, partage sa mission avec d’autres et se réjouit de ce qu’ils s’y associent et sont d’accord pour aider.

Néhémie dit aux chefs et au reste du peuple : « Vous voyez la misère dans laquelle nous sommes, que Jérusalem est dévastée et que ses portes sont brûlées par le feu. Venez et bâtissons la muraille de Jérusalem, afin que nous ne soyons plus dans l’opprobre. » Puis, pour les motiver, il raconte comment Dieu a été avec lui depuis qu’il a entrepris de relever les murs de Jérusalem : « Et je leur racontai comment la main de mon Dieu avait été bonne sur moi, et aussi les paroles du roi qu’il m’avait dites. » A ces exhortations les chefs répondent d’une seule voix : « Levons-nous et bâtissons. Et ils fortifièrent leurs mains pour bien faire » (v. 17-18).

Néhémie a réussi à motiver les chefs et les dirigeants du peuple. Pour cela, il ne s’est pas contenté de leur décrire l’état lamentable dans lequel ils sont ; il ne s’est pas contenté de les enthousiasmer avec sa propre motivation qui serait portée par ses compétences, ses dons (au demeurant, il en a). Il les oriente vers la source de sa motivation : « la bonne main de mon Dieu était sur moi ». Et Dieu le lui a prouvé en ayant touché le cœur du roi qui, non seulement l’a autorisé à se rendre à Jérusalem pour rebâtir la ville de ses ancêtres, mais a pourvu à tous se besoins pour la mission qu’il a à accomplir (des lettres d’accréditation royales, des soldats pour l’accompagner et le protéger, du bois pour le travail).

Conclusion

Quand nous sommes dans la pensée de Dieu dans la mission qu’il nous a confiée, il ne manque pas d’envoyer les aides nécessaires. Quand Dieu agit en puissance pour l’accomplissement de son projet pour son peuple, il prépare des serviteurs bien disposés pour exécuter ses plans, et il fortifie leurs mains pour bien faire, car ils sont amenés à sentir que ce travail est de Dieu.

Une mission à accomplir n’est pas qu’un service à rendre ; il englobe un ensemble de réalités que l’Eglise se doit de bien gérer : des forces négatives à discerner et à écarter, et de vraies aides envoyées par Dieu lui-même à encourager et à motiver. Puisse le Seigneur nous donner de l’intelligence et du discernement dans la mission qu’il nous a confiée.